Fermez les yeux, n’ouvrez pas encore la bouche … mais faites vibrer vos narines

1 Oct

Pas de photos dans ce post.. parce que je voudrais vous faire partager des sensations qui n’ont rien de visuel.

J’ai la chance d’avoir des amis qui m’alimentent en sensations olfactives et justement ce week-end nous étions chez V., enfin chez les parents de V. à la mer.

Arrivée à la mer. Fermer les yeux, se remplir de cet air. Ce n’est pas un air qui m’est familié. Il s’agit de l’air de la mer en septembre. En septembre il fait moins chaud, l’air est moins humide. En septembre, on entend plus la mer. Elle est plus agitée. De ce grand brassage de l’eau se dégage des embruns. Cela sent le froid et je me dis que c’est bon d’avoir pris quelque chose à mettre sur les épaules. J’apprécie néamoins d’être jambes (un peu) nues parce que la peau sent, elle-aussi, le sel et les mini goulettes projettées par les vagues sur la plage. En septembre, l’air est moins facile qu’en juillet. En septembre au bord de l’eau, on sent un petit gout de fin. En septembre au bord de l’eau les bras grands ouverts, je me laisse emparer par une grande vague de nostalgie. L’eau du bord de septembre est tonifiante. Je m’apprete à faire le grand seau, entrer dans le grand bain des gens qui ont un métier.

Arrivée à la maison. Fermer les yeux. Se revoir ici l’année dernière. Sentir que c’est bon d’etre si bien entourée. Se laisser humer les pins. L’odeur de la résine qui coule le long des troncs me procure l’effet madeleine. Petite, je prenais des petits batonnets et je les enduisait de ce liquide gelifié et collant. Je m’en mettais pleins les doigts. Ce dont je me souviens, c’est que j’essayais d’enlever la résine en frottant mes doigts entre eux, j’avais alors une espece de résine pleine de saleté sur les mains. C’était un peu bleu.

Ouvrir les yeux. Aller voir le figuier. Je constate que, malheureusement, la saison des figues est passée. L’été est forclos. Ma requete de compotée de figue est rejetée. Il me reste les feuilles. Je met mon nez dedans. Cela chatouille un peu parce que parfois elle sont duveteuses. Cela sent bon le chemin que l’on prenait pour sortir de la résidence dans laquelle habitaient mes grands parents. Je suis heureuse d’être là.

Ouvrir encore les yeux. M. m’indique le massif de romarain, juste à coté de notre chambre. Elle prend une branche et remonte la main serée jusqu’à son extremité. Elle sent sa paume. Aucune résine mais une délicieuse odeur. J’en fait de meme. Plusieurs fois. Je me fait rire parce que j’ai une envie folle de poulet au citron Et au romarain. Après, à chaque fois que je descend, je refait cette petite manip’. Je me met à faire plein d’association. Notamment Romarain-Thé à l’orange en gelée. Romarain-miel-fromage blanc de chevre. Romarain-coing. C’est drole, je n’imagine le romarain qu’avec du dorée, du soleil dans l’assiette, du chaud. Les fruits rouges sont bannis du monde romarain.

Ouvrir les yeux. Aller voir où en sont les oranges. Les oranges sont vertes. Je n’aime pas particulierement les oranges, du moins l’odeur des oranges. J’ai des souvenirs affreux car médicamenteux, car vitamineux, car tordleventreux. Mais l’odeur de l’orange verte c’est autre chose. D’abord l’orange verte c’est l’eau de mon grand père, il avait, je ne sais pas si c’est encore le cas, puisque maintenant nous ne partageons plus le meme quotidien, le gel douche orange verte d’Hermès. Ce week end j’ai rencontré pour la premiere fois de ma vie je crois une vraie orange verte. Ce qu’elle dégage n’est absoluement pas sembable à ces oranges que l’on trouve engrillagée au supermarché. Cela m’a fait penser un peu au citron, car la peau dégage plus d’acidité. Mais je crois que c’était plus la ou le kumkuat. J’adore le Kumkuat. Une fois mon autre grand père en avait acheté à noël. Et puis surtout j’en ai degusté chez Israel. Des kumkats confit(e)s. Sucré (e)s, mais pas cristalisé(e)s. Acide mais pas de là à nous faire plisser les yeux. Par dessus tout legerement amère. J’ai eu une vélléité de transformer ces évocations en apports papilleux. J’avoue ne pas avoir poursuivie plus loin que le prelevement du zeste.. Mais ce moment, en soi, était délicieux. Imaginez, assise sous la veranda, le matin. Le soleil fait de breves apparitions aux travers des nuages. Moi je me donne du soleil vert, comme Henri Salvador. J’épluche en faisant attention de ne pas avoir trop de blanc sous le vert. Je disseque ensuite. En fin batonnet. L’orange verte me donne tout ce qu’elle a. C’est divin. je la fait trempée. Je l’oublie. Plus tard, juste avant de rentrer je mettrai mes mains sous cette eau dans laquelle les zestes ont maceré. Je prolonge ces instants en sentant le dessus de mes mains. Comme si c’était un parfum. Une fois de plus, j’oublie les zestes que j’avais empactés sur un coin de table… mais ils me restent ce tatooage incolore.

En septembre, je sens la mer et j’en ai plein les mains.

J’ai hate d’etre à demain.

Une Réponse vers “Fermez les yeux, n’ouvrez pas encore la bouche … mais faites vibrer vos narines”

Trackbacks/Pingbacks

  1. Semaine #4 « Au septieme de la Tour - 2 octobre, 2007

    […] après une semaine de dur labeur, l’effet de la mer a été plus que bénéfique (comme l’a magnifiquement écrit EA…) […]

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