Je ne connaissais pas Sophie Calle avant de connaitre Patoumi. Celle-ci lit le catalogue de l’exposition de celle-là.
Sophie Calle – Biénnale de Venise – Daniel Buren… Et puis le site Richelieu de la BNF.
Intriguée, je suis tiraillée entre le désir d’en savoir plus en lisant plein de choses sur Internet et celui de me laisser guider, de faire confiance… de mettre mes pas dans ceux de Patoumi.
Prenez soin de vous, c’est le nom de cette exposition.
Je prends soin d’elle. Parce qu’elle est tristement heureuse ou heureusement triste – on ne savait plus très bien – d’avoir un an de plus. Et que je l’aime. Et qu’elle aime le cheese-cake.
Le cadre est plutôt impressionnant. Une très grande salle aux longues tables et aux étagères vides. Une grande verrière. Une arche. Il y a quelque chose de l’ordre du sacré. Peut être les bureaux disposés comme des bancs. Peut-être l’allée centrale. Peut-être la hauteur de la salle. Peut-être le chœur tout au bout.
En entrant perchée à six ou sept mètres de haut, Sophie Calle a disposé une toile sur laquelle sont projetées des vidéos de femmes que l’on entend pas. Une fresque mouvante.
Il y a des photos. De femmes et de lettres. Tout autour de la pièce. Sous chacune d’elle, un meuble avec un document.
Il y a des vidéos. De femmes. Projetées sur des écrans très fins disposés sur les tables.
Les gens circulent dans la nef, j’ai l’impression qu’ils en font le tour puis s’arrêtent pour regarder les vidéos, en remontant l’allée principale.
Je ne suis pas certaine qu’il soit possible (ou souhaitable) de tout voir. J’ai un peu butiné. Sans trop chercher un sens. Sans être exhaustive.
J’ai compris au bout de la troisième réaction, du troisième témoignage, de quoi il s’agissait. C’était tellement intéressant de ne pas savoir que je ne voudrais pas dévoiler l’objet de l’exposition.
Quelques bribes néanmoins.
La lettre de sa mère. Aller de l’avant, avoir confiance en soi, sortir grandi de tout, se nourrir de tout.
Cette danseuse, baignée de soleil, se jetant si gracieusement au sol de tristesse.
Incroyables, les expressions de la traductrice de l’Assemblée Nationale.
Et Jeanne Moreau. la façon de tenir sa cigarette. Cette capacité folle de ne pas regarder son interlocutrice. Cette discussion sous forme de monologue.
La chaise vide du Monsieur.
Le conte de princesse qui ne finit pas très bien.
Soulagement de rire en visionnant Arielle Dombasles. J’ignore si elle joue ou si elle se livre naturellement. Mais je l’ai regardé longtemps. Je l’ai presque apprise par cœur. Tellement c’était extra-ordinaire. Ils m’ont demandé de me déscotcher de l’écran, sans quoi, j’allais perdre le plaisir.
En sortant de cette exposition j’entendais « prenez soin de vous » sur tout les tons. En souriant, en riant jaune, en riant à pleine gorge, en pleurant doucement, en jurant, en conjurant.
J’ai remercié Patoumi mentalement en me promettant de le faire rapidement ici de vie-mots.
* * * * * * *
C’est sans pitié aucune qu’ensuite, nous sommes allés prendre soin de nous au Zen-Zoo.
* * * * * * *
C’est avec tout mon cœur que j’ai pris soin d’elle. Avec un Cheese-cake à la framboise donc.
Ce soir là, nous n’avions pas vraiment la tête à prendre des photos. De toutes façons, les photos prises sont abominables.
Ce que ma mère retient de ma grand mère (paternelle), c’est sa tarte au fromage blanc. Mais le gâteau qu’elle préfère, entre tous, c’est le cheese-cake. Pas trop dur, pas trop élastique, pas trop humide, pas trop juteux. Pour la hauteur de la croute, je ne crois pas qu’elle est d’attentes particulières. Je me souviens de ses yeux, lorsqu’un jour nous avions dégusté, toutes les trois dans un restaurant qui est maintenant fermé (le sweet), The true (real ?) NY cheese-cake. Comme là-bas, sauf que pour une fois, ce n’était pas le même là-bas.
Jusqu’alors j’avais lu beaucoup plus de cheese-cakes que mon estomac en avait vus ou que mes mains confectionnés. Défi pour la bonne cause. Mais la blogosphère compte des cheese-cakes stars. Difficile dans ces conditions de se louper.
Les photos de ses trente ans témoignent d’un framboisier. Mémorable puisque je m’en souviens encore. Donc plutôt de la framboise. Je souhaitais que l’on sente vraiment le fromage, qu’il ne soit pas qu’une consistance. Une bonne proportion de fromage de chèvre (du chavroux)…Mais comme celui-ci est plus humide qu’un fromage frais ordinaire… Il a fallu composer. Heureusement que le loukoum m’a aidé. J’ai (très légèrement) adapté sa recette du cheese-cake pour voir la vie en rose. C’était aussi un gâteau d’anniversaire.
* Pour la confection de la croute du cheese-cake
- 270 g de gâteaux de Reims
- 60 g de confitures de framboises
Réduire les gâteaux en poudre (l’idéal aurait été de les réduire grossièrement mais le magimix à tout pulvériser finement … je me suis retrouvée avec une sorte de farine de biscuit de Reims …).
Ajouter progressivement la confiture jusqu’à pouvoir confectionner une boule de pâte. En tapisser le moule (à charnière impérativement – en forme de cœur facultativement), jusqu’en haut.
Mettre au congélateur. Pendant ce temps, préparer l’appareil fromagé-framboisé.
* Pour la confection de l’appareil fromagé-framboisé
- 350 g de faux Saint-môret carrefour
- 450 g de faux chavroux carrefour
- 100 g de sucre
- 4 œufs
- zestes de deux citrons
- 250 g de framboises congelées
- graines de pavot
Préchauffer le four à 150°C.
Mélanger les fromages ensemble pour les rendre bien crémeux, ajouter le sucre et les œufs (astuce loukoumienne : un après l’autre en mélangeant entre chaque œuf) puis les zestes de citron.
Verser sur la croute la moitié de la préparation, ajouter les framboises (encore congelées : elle a bien surligné ce point) et finir avec la deuxième partie de la préparation au fromage.
Cuire 1H15. Laisser refroidir dans le four.
Réserver 48H au frais … Dans l’idéal. Ce cheese-cake a eu un peu moins de temps de répits (environ une trentaine d’heure…) mais il était très bon quand même.
Au moment de servir, disposer des framboises fraiches sur le pourtour du gâteau.
C’était très bien. Tout à fait ce que je souhaitais, aussi bien dans la tenue quand dans le rendu. Merci encore.
est-il possible de lire le catalogue, voir l’exposition, manger du cheese-cake et boire un zoo en même temps ?
hmmm un peu trop de plaisir d’un coup !
La salle Richelieu de la BnF. J’entre – à mon tour. Je suis assailli par une sensation étrange : le lieu est vide sans ses livres, et pourtant… Et pourtant l’on se sent bien dans cette bibliothèque, remplie d’une atmosphère saturée de féminin.
112 femmes sont là, à disserter d’une chose, mais de 112 manières ; si différentes et si personnelles : je note (en passant)
la magicienne (qui déchire la lettre sans l’abimer) ;
la psychologue (qui l’analyse) ;
la pianiste (qui la transcrit) ;
la latiniste (qui la traduit) ;
l’avocate (qui la retourne) ;
la publicitaire (qui la détourne) ;
l’institutrice (qui la contourne) ;
puis finalement la récipiendaire (qui la subit)…
Oh! J’aurais voulu être à tes côtés…
Je ne me lasse pas de feuilleter ce livre rose, j’adore le conte qu’a écrit Marie Desplechin…
Et le cheesecake…
A cet été!!!
C’est l’effet Sophie Calle … J’ai trouvé le dessin beaucoup plus évocateur qu’une photo de ce cheesecake, que j’ai bien entendu, là tout de suite, envie de faire … Histoire que l’assortir au catalogue de l’expo que je ne me lasse pas de feuilleter.