On a toqué à la porte du septième. Une petite voix a demandé à travers le bois : « Il y a quelqu’un » ?
J’ai eu envie de répondre ceci :
Alors quoi, le pallier ne sent plus les petits financiers, la soupe à l’oignon et aux épices et les tajines aux citrons confits ?
Alors quoi, la table du balcon n’est-elle pas toujours recouverte de tarte-à-refroidir, de panier du marché et de plaques du four abandonnées.
Alors quoi, on ne visite plus ses voisins ? On ne leur offre plus des petits gâteaux de Noël ?
Et tout ça, sans prévenir. Même pas un petit mot sur la porte. Même pas donné les clés au gardien.
Alors quoi ? Bien sûr qu’on habite toujours ici !
Mais j’ai finalement ouvert la porte et dit :
Oui oui ! C’est juste que l’on était un peu sec.
Un peu sec en mots – deux thèses, dix doigts, vingt-quatre heures.
Un peu sec en maux – deux thèses, deux psys, vingt-quatre carnets.
Presque sec en vrai – presque – Noël ne nous a pas échappé.
Seulement, le contrat de bail du septième contient trois clauses essentielles : le poids des mots, le choc des photos, l’attrait d’une lecture ou d’une recette.
Pour sortir de cette séquitude, les voisines de palier viendraient boire un thé presque brûlant et on goûterait des tranches de cake à l’orange séchées/grillées. Comme on ne se serait pas vu depuis un moment, je vous parlerais du dernier livre – presque cul-cul – qui m’a traversé les mains. Et – oh miracle – avant que vous ne repartiez, je vous donnerais les petites choses qui auraient dû rejoindre vos foyers réciproques avant les fêtes, mais qui … sont toujours sur le guéridon de la cuisine. À attendre désespérément un colis.
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Biscakes de radoumi
La sécheresse s’est abattue sur les mots du septième. Fort heureusement pour ses habitants, nos yeux et nos papilles ont été épargnés. L’assèchement n’a pas atteint beaucoup d’appartements, de sorte que la source du bloglines ne s’est pas tarie. Avec chaque jour son petit filet de recettes, de bons articles et de jolies photos. Impossible de recenser tous les plats directement tirés à la source… Mais un des derniers était celui-ci … Et comme il souffre très bien le dessèchement des derniers mois, il se retrouverait dans la dînette.
La lecture des obsessions, collantesques et anti-américaines notamment, me faisant toujours autant sourire, c’est avec un réel plaisir que je découvrais ce nouveau post de la plus avouée des radines. Sa gourmandise s’était, ce jour-là, portée sur des sandwichs maternels et un cake à la marmelade d’orange de Nigel Slater. L’évocation des premiers m’avait émue, celle du second mise en appétit. D’autant qu’il y a quelque temps, prises d’un IvegotBritaininmymind’s syndrome, j’avais cédé à la tentation de réaliser une quinzaine de pots de marmelade.
Suivant quasiment à la lettre les prescriptions :
- 80 g de beurre salé bien mou
- 2 cuillères à café bombées de purée d’amendes complète
- 3 oeufs légèrement battus
- 100 g de sucre roux
- 1 orange non traitée (zest + jus)
- 190g de farine (semi-complète)
- 1 sachet de levure
- 3 cuillères à soupe bombées de marmelade d’orange
Les ingrédients furent mélangés, transvasés dans un moule idoine puis cuits environ 45 minutes à 180°.
Le résultat était tout à fait à la hauteur des espérances placées en Nigel. Le côté « complet » en plus – dû à la farine et à la purée d’amende complètes. Servi après une soupe de pâtes aux herbes, c’était presque trop. Au petit déjeuner du lendemain, il était parfait. Son destin aurait pu être avalé de la sorte … Mais il fut victime de notre tendance au « c’est trop bon, il faut qu’on en garde », tendance ayant déjà atteint – à notre plus grande honte – des macarons L.
Torchonné, il est resté sur le plan de travail. Une bonne semaine. Devenu sec.
Parce qu’un cake de Radoumi ne se jette pas, il était inconcevable de le laisser allez à sa perte de la sorte. Découpé en tranches d’un bon centimètre, poêlées sur feu moyen, les derniers reliquats du cake se sont définitivement asséchés, au point de devenir croquants et chauds. Un peu de beurre salé sur cette biscotte de luxe. La finesse de l’orange. Un pur délice.
À en devenir loquace.
J’ose à peine imaginer comment vous avez fait pour lui résister jusqu’à ce qu’il sèche ! Mais c’est une très bonne idée les biscottes…
Le billet le plus délicieux de ce début d’année.
Je sais pas quoi dire de plus.
Je sèche. Ahah.
Pardon, et mille baisers.
Ahhh… enfin…
une jolie surprise -il faut dire, à force de passer chaque jour, vérifier, on ne sait jamais, au cas où…
Encore un délice qu’on aurait bien partager… jusqu’à la dernière miette, sèche mais dorée…
des bises…
Oh, il vous a fait du bien a la loquacite effectivement. Et on en redemande d’ailleurs. Apres Patoumi, Mingou et vous, que me reste t’il a faire sinon l’essayer celui-ci? Je me sens atteinte d’une nigelslaterite aigue.