« C’était il y a cinq ans. Un ami m’avait envoyé des Etats-Unis le magnifique ouvrage de Claudia Roden, The book of Jewish Food, sur la cuisine juive dans le monde. Je m’étais assise à ma table et je le lisais, comme on lit des poèmes ou des contes, tournant les pages avidement, incrédule face aux richesse que me dévoilait chaque chapitre organisé autour d’une région. J’arrivais enfin à ce qu’elle nomme « Anglo-Jewery » et qui désigne en fait la cuisine russo-polonaise. Je passai rapidement la section des soupes et des nouilles pour me plonger dans la pâtisserie. Je lus le gâteau au fromage blanc, l’apfel strudel, et soudain, mes yeux s’emplirent de larmes car je me rendis compte que j’étais en train de déchiffrer la recette des biscuits de ma grand-mère Tsila, disparue une dizaine d’années plus tôt.
Les pletz (c’est ainsi qu’elle les nommait) étaient de petits sablés au graines de pavots, dont la production hebdomadaire assurait la consommation quotidienne. Elle les conservait dans une boite en fer-blanc carrés que j’adorais ouvrir, que j’adorais qu’elle ouvre. Les pletz étaient une nourriture parfaite : croquants, pas trop sucrés, parfois grillés sur les bords. Ils étaient irréguliers et souvent assez moches, parce que ma grand-mère n’avait rien d’une maniaque ; mais leur disgrâce ne faisait qu’ajouter à leur magie.
Je pleurais en lisant la recette à cause du souvenir du pletz émmieté dans le thé de Mami, à cause des choses perdues et jamais retrouvées, à cause de l’enfance si lointaine.
Une semaine plus tard, je décidais d’en fabriquer une fournée. J’achetais les ingrédients nécessaires et entrains dans ma cuisine, armée du livre rédempteur. je le feuilletai rapidement, impatiente de retrouver la page que j’avais dû corner. Mais non, je tombais systématiquement sur le lekeh, ou les oumentashen. »
Agnès Desarthe, Le remplaçant, Édition de l’Olivier, 2009.
Tout raisonne. Le rythme. La sonorité des mots. Les dibboucks. L’analyse des objets précieux, entreposés dans les placards des grands parents. Les histoires que l’on s’invente. Tout.
87 pages de plaisir, de sourires, de serrement de gorge. 87 pages d’hommage au remplaçant de son grand-père. 87 pages de réflexions enfantines. 87 pages à lire. Évidemment. Résolument.
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S’il fait soif et que votre gosier réclame du chaud, un breuvage simplement délicieux, une infusion de gingembre frais.
- De l’eau frémissante
- Du gingembre frais coupé en dés
- Éventuellement un peu de sucre
Placer les dés de gingembre dans un petit sachet ou une boule à thé et verser de l’eau chaude dessus, dans un thermos. Laisser infuser le temps que vous jugerez nécessaire selon votre gout, et agrémenter au besoin d’un peu de sucre.
Presque pas une recette, mais une boisson découverte et non oubliée depuis, dans un lieu où l’on parle avec un accent et où l’on déguste, simplement, des smoothies, muffins, sandwiches et salades. Au Bob Juice Bar.
Ah, enfin des nouvelles du 7e… depuis le temps qu’il n’y avait plus rien, c’est une belle surprise !
On rêve à la lecture de l’extrait (au début, je croyais que l’auteure de ce site l’avait rédigé. Ce n’est qu’après que j’ai compris que, non, malheureusement… mais bon, les nouvelles du 7e sont toujours si agréables à lire que la confusion était possible) et puis tiens, bonne idée: je file faire une pause thé, mais sans gingembre (parce que sinon après faut assurer…).
Merci et à très bientôt…