Un restaurant comme ça.

15 Mar

photocanard-laque

Nous demandions toujours la même table. On y allait tous les six. Mon père, K., ses enfants, ma soeur et moi. Nous commandions des entrées à partager, elle commandait nécessairement et invariablement un canard à l’ananas et, en dessert, nous options très souvent pour un assortiment de nougatines (dures et molles). Parfois du gingembre confit. Ses repas n’étaient réjouissants que par leur saveur. La conversation, elle, en manquait cruellement. Ils se sont espacés. Puis il n’y en a plus eu du tout.

C’était la première fois que nous avions rencontré P. Habituées que nous étions, nous lui avions conseillé les noix de saint jacques, sauce piquante. Servies sur plaque chauffante. S’imaginant cuit sur le grill, il s’était senti obligé de répondre de manière blessante. Il n’a pas fait long feu.

Il y était allé fréquemment avant que l’on se rencontre. Avec ses parents. De sorte que c’était un peu étrange d’avoir chacun un passé dans ce lieu qui nous était maintenant commun. La première fois qu’ils m’avaient invité au restaurant, c’était encore ici. Et curieusement, nous avions dîné à la table favorite de mon père. Je m’étais assise, de manière presque automatique, comme dans ma cuisine, sur ma chaise, à ma place. Grand luxe, ce soir là, nous avions consommé le Canard laqué. Spécialité des lieux. Dégustation protocolaire. Peau croquante puis chaire moelleuse, petites crêpes farceuses et soupe parfumées. Institutionnalisation.

Depuis, nous y retournons tous les deux. Assez souvent. Tellement que notre nom évoque une table pour deux à l’étage avec des petites chips crépitantes et un verre aux accents de litchis. Nems brûlants pour lui, rouleau de printemps aux crevettes pour moi. Allergique aux carottes et cacahouètes, mes lèvres se mettent à gonfler et à chatouiller. En mordillant, cela passe. J’aime ça. Nous y partageons un canard à la mangue, un poulet aux amendes ou aux champignons noirs et pousses de bambou. En dessert, je me repais de boules de neige. De la pâte de riz contenant de la purée de cacahouètes. C’est indécent. Tout comme les serviettes fumantes de la fin de repas.

Cela s’appelle le Canard Laqué. Et sur le rose des nappes, défilent quelques images du septième.

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2 Réponses to “Un restaurant comme ça.”

  1. patoumi 15 mars, 2009 à 11:58 #

    Je vais me coucher, ce billet est l’exacte incarnation de la raison qui me fait veiller pour lire les autres.
    Merci!

  2. mayacook 23 mars, 2009 à 11:28 #

    qu’ils sont doux les lieux chargés de souvenirs!

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