Quand après en avoir beaucoup entendu parler, il faut se rendre sur place
et juger sur pièces.
J’aurais beaucoup aimé être allée voire une expositions intitulée « Zucca photographie Paris sous l’occupation ». Mais le commissaire a été bien maladroit. Nous avons été au 22, rue Mahler voir « Les Parisiens sous l’Occupation photographies en couleurs d’André Zucca ».
Jour de semaine, Trois heures de l’après-midi.
Il y avait beaucoup de monde à l’entrée de la bibliothèque. Il y avait aussi beaucoup de monde à l’intérieur de la bibliothèque. Tellement de monde que prise dans le flot des visiteurs, il était bien difficile de s’arrêter pour regarder un peu plus longtemps qu’une minute une photo. Le lieu est fait de telles sortes que sont aménagées des sortes d’alcôves dans lesquelles nous nous sommes réfugiés avant de retourner dans cette marée humaine.
Les clichés.
Zucca photographie Paris et les Parisiens… les non Parisiens aussi. Les baigneurs des quais de Seine, les terrasses, les champs de course, le théâtre de Guignol, les cinémas, les rues, les filles, les soldates aussi. Il fait chaud. Rarement froid, sauf pour montrer la neige sur les champs.
Les réactions, ma réaction.
Je me suis horrifiée.
Devant cette photo je me suis guillerettement exclamée » Mais regarde, les wayfarer de Rayban ne sont pas loin ! « .
Et puis il y a « Paris plage avant Paris plage » et … » Ah oui, regarde c’est à coté de Feuillantines » ou … » Je crois que X. habite dans cette rue ».
Cela m’a déchiré le ventre de m’entendre dire ça.
À coté de nous, les réactions étaient tout aussi étranges. Des personnes âgées, peut-être venues voir si elles étaient sur les photos. Des « ah oui, je me souviens qu’on allait à cette foire » et des « les halles, c’étaient quelque chose » mais aussi « nous allions avec mon frère faire du bateau dans ce bassin ». Bien sur, il y en a une dont la mère, résistante, a bien failli être embarquée. Plus personne ne l’ignore. Mais à force de répétitions, on feint de l’ignorer. Des mamans avec des enfants qui expliquent. Un père qui ressemble à Roberto Benigni avec son fils. Ils tentent d’identifier les lieux, de savoir ce qu’ils sont devenus. Comme nous en somme. Maintenant c’est un Quick.
Je me suis horrifiée devant ces photos me rendant amnésique. Et Hélène, est-elle sur les photos ? Etait-ce ça la vie – les courses, les petits bateaux la baignade, le cinéma. Je n’ose mettre de point d’interrogation.
S. m’affirme que oui. C’était ça la vie. C’était ça la vie, aussi. Une photo ne peut pas mentir. Pas sans photoshop. Oui, à un moment donné ces personnes ont montré de plaisir leurs dents, les enfants allaient quand même voir Guignols, il existait autant de chaussures délirantes que de chapeaux extraordinaires. C’est vrai. La vie continue. Toujours. Et Zucca ne ment pas. Le commissaire d’exposition peut-être un peu.
J’aurais simplement aimé être allée voir les photos de Zucca. Pas les Parisiens sous l’occupation – Photos en couleur de Zucca.
Parce que » les Parisiens » se veut globalisant et que c’est tout sauf cela. Pas de Parisiens étoilés, pas de rationnement, pas ces petits bureaux d’écolier, vides. Combien de dilettantisme, combien de souffrance au quotidien. Pas les Parisiens. Les Parisiens de Zucca. Peur-être les Parisiens pour Zucca.
J’aurais simplement aimé que le commissaire insiste sur cette subjectivité. Pour ne pas me faire oublier Hélène. Et quelque part m’oublier.
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En sortant, il y avait encore du monde dehors. Comme Le loire n’était pas loin nous nous sommes glissés dans sa théière. La tarte au citron était toujours aussi bonne. Le thé à la vanille et aux fleurs de mauve apaisant.
S. et moi n’avons pas réussi à nous entendre sur nos ressentis.
Rue de Rivoli, je repense au cliché qu’a pris Zucca de cette rue. Le seul avec une étoile. Une caricature a elle toute seule. Métro.
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Déambulations. Nous retrouvons PL. dans un restaurant de vapeurs recommandé par Mr. Lung et le Monsieur-au-sac-à-dos-spécial-Paris. Le Pacifique, 35, rue de Belleville (19ème).
Nous étions prévenus que d’extérieur, cela ne payait pas de mine. C’est vrai. Sans leur recommandation nous ne l’aurions même pas regardé.
À l’intérieur, ce n’est pas très joli non plus. Ni très accueillant puisque nous sommes littéralement balancé sur une table.
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Je commande un Perrier avec une petite prune dedans. Un temps je pense que c’est une prune au sirop, un peu comme une poire au sirop. Façon délicate de parfumée une eau.
Et puis arrive le Perrier avec un touilleur et trois petites choses rondes et ratatinée. Prise de conscience, il s’agit de l’umebosis de Clea (dont elle parle ici et ici).
(Photo trouvée aux hasards de pérégrinations sur internet)
Je trempe les lèvres dans cette eau gazeuse, sans avoir remué les petits fruits. Le parfum est délicat, plutôt salé, un peu amère. Je suis emballée. Je retrouve l’ingratitude de la marmite. Cette petite prune me convainc de la remuée pour qu’elle développe ses arômes dans le grand bain. Un délice. J’en saisis une toute au fond du verre pour la croquer seule… Très salée, très acide. Il faut vite que j’en retrouve.
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La soirée s’annonçant pleine de découverte, je commande la spécialité du restaurant, des vapeurs. En l’occurrence aux crevettes. Déception.
Les « boules » sont énormes. Presque six ou sept centimètres de diamètre. J’aime ce qui est petit. Voire très petit. Pour y revenir.
La pâte est très épaisse. Grasse. Presque huileuse.
La farce, élastique, ressemble à une bouillie trop cuite. La crevette a disparu en simili purée. Pire, elle a perdu son gout.
Je ne finis pas.
Soit effectivement, ce sont les meilleurs vapeurs de Paris, mais mes papilles bien trop occidentalisées sont restées aveugles et butées. Soit ce jour là, Le pacifique n’était pas Le pacifique.
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Définitivement un petit gout amère.
Hello, désolé d’apprendre ta mésaventure au Pacifique. Il est vraiment étonnant que la pâte soit huileuse ! Décidément, la constance n’est pas le point fort de ces lieux…
Non ??? Vous connaissez aussi le loir dans la théière ???
Je passe par le blog de la sardine et je découvre un bien joli blog avec une belle personnalité et avec des billets merveilleux…que dire des photos, c’est original et avec une petite pointe de malice…bravo
Que répondre à un tel commentaire ? Tout d’abord merci évidemment. Et puis aussi que ces mots nous touchent vraiment. Et enfin, que bloguer est une jolie aventure quand cela se passe comme ici.
c’est vraiment très très bien raconté!
Bonjour et merci pour ton gentil comm sur mon blog :)
Nous ne sommes pas tant que ça en fait à la maison mais nous aimons bien manger … Et cuisiner ! J’ai beaucoup de recettes sucrées en retard, ce qui explique un peu la vague sucrée du moment sur mon blog :/
J’ai repéré sur ce billet une photo de part de tarte au citron meringuée qui a l’air absolument terrible ! Je n’aurais d’ailleurs pas refusé pour mon dessert :)
Bonne journée,
J’ai ressenti un étrange malaise en regardant les photos de Zucca. Je m’en voulais presque de les trouver gaies et émouvantes.
J’ai pensé à Hélène aussi dont les mots et le chemin me hantent.
Le commissaire de l’exposition a été bien maladroit … On va dire ça comme ça.
Quant à leur tarte au citron, c’est ma préférée !
enfin un peu de temps pour lire quelques lignes de ton blog… merci pour cette visite des parisiens de zucca, de tes mots qui expliquent si bien ce que tu as pu ressentir… il faut vraiment que je lise ce journal…
la tarte au citron est sublime, la petite bourguignonne que je suis n’a pas encore profité des délices de paris… mais je n’oublie pas un dessert aussi beau…
merci encore pour ton passage sur notre blog… moi je reviendrai ici avec plaisir… je suis bien…