Lettre ouverte pour blog presque fermé. La faim dans la continuité.

19 Oct

Ca y est, c’est décidé. Le 7ème ne sera plus actualisé. Plus de nouveaux posts.

Mais le 7ème reste ouvert. Vous pourrez toujours venir fureter par ci par là.

Mais le 7ème continue à recenser dans delicious toutes les recettes qu’elle aime chez vous (Cf. ci contre)

Et l’activité commentatheseuse se poursuis.

A très bientôt chez vous, donc.

7.

Coz tonight is a burger’s night

17 Juin

C’est presque la  fin de l’année à la faculté.

Pour fêter ça dignement, sans trop tomber dans la Cancun’attitude, mais quand même, nous avions convié :

  • une piscine
  • des fat-boys
  • un barbecue
  • des hamburgers
  • un gâteau trop bon
  • des amis
  • Entre autres.

Dans l’idéal on aurait bu ça ou des mojitos fraises comme ils en servent iciMais je ne savais pas encore que cela existait.

***

POUR LES HAMBURGERS

***

***

  • Petits pains ronds au maïs, aux graines, au lait

– pour tartiner les petits pains

  • Du guacamole (avocats + dés d’oignons + dés de tomates +jus de citron vert + dés de piment doux + bouquet de coriandre hachée)
  • De la crème fraiche
  • De la cream cheese (saint moret et/ou cottage cheese et/ou carré frais)
  • Du houmous (poids chiches + tahin + cumin + filet de citron et d’huile d’olive et/ou d’eau)

– pour mettre entre les petits pains

  • Des avocats, coupés en lamelle
  • Des tomates, en tranche
  • Des concombres, en tranche
  • Des courgettes, tranchées et grillées
  • De la salade
  • Du fromage : comté, beaufort, mimolette, gouda (éventuellement au cumin), bleu
  • Du chutney d’oigon (2/ 3 oignons en lamelles + un peu de beurre dans une poêle jusqu’à ce qu’elles deviennent translucides, PUIS sur feu très doux, ajout de sucre  3 / 4 cs jusqu’à caramélisation, PUIS cannelle + gingembre + graines de cardamome ou 4 épices 1 / 2 cs ET 2 CS vinaigre balsamique => laisser réduire sur feu très doux 15 / 20 minutes)
  • De la viande hachée (bœuf 15 % de MG => ne pas prendre moins sous peine d’obtenir des steaks trop secs PLUS cumin + tabasco + sel + persil). Laisser reposer une bonne demi journée PUIS façonner les steaks.

Mode opératoire

  • Faire griller les petits pains au grill (PW recommande pour cela de les beurrer… mais nous avons renoncé. Miss S. l’exige)
  • Faire cuire le steak au grill également.
  • Lorsqu’il est cuit, faire fondre, toujours sur le barbecue, le fromage
  • Pendant ce temps, tartiner le petit pain de l’une des préparations prévues à cet effet
  • Ajouter de la garniture et le steak.

Après on en a plein les doigts et c’est justement ça qui est trop bon.

***

POUR LE GÂTEAU

***

Je rêvais du « Gateau légèrement meringué aux framboises et aux fruits de la passion » que Loukoum°°° avait présenté fin mai : gâteau aux amandes meringué + crème fouettée et fraises… Impossible de résister. D’autant qu’il me faisait penser à mon dessert préféré du café forté : la crème lala : « « Le » dessert aux 3 couches !! Meringue, mousse au chocolat & crème fouettée + nougatine au sésame. Fond dans la bouche, pas dans la main » dixit la carte.

Un mix donc entre ces deux desserts… SANS OUBLIER celui que S. affectionne tout particulièrement, la foret noire.

Syncrétisme, quand tu nous tiens.

L’idée :

  • La base du gâteau de Loukoum°°° ie le gâteau aux amandes meringuées (la recette préconise de réaliser deux gâteaux pour prendre en quelque sorte la crème en sandwich. Ici, un seul suffit)
  • PLUS une mousse au chocolat avec éclat de nougatine et de meringue
  • ET crème fouettée avec un peu de kirsh
  • ET ENCORE des griottes par dessus

Comment s’y prendre :

1 – Pour le gâteau meringué

  • Four préchauffé à 180°
  • 45 g de beurre + 65 g de sucre => mélange crémeux
  • + 2 jaunes d’œufs + 1 cc d’extrait de vanille
  • + 80 g de farine + 1 cc de levure chimique + 30 mL de lait
  • Répartir cette préparation dans un moule
  • Monter 2 blancs en neige, quand le fouet commence à laisser des traces, rajouter 65 g de sucre et continuer de fouetter jusqu’à ce que les blancs soient fermes
  • Répartir cette préparation sur la précédente et saupoudrer de 30 g d’amandes mondées et d’un cc de sucre.
  • Four pour 30 minutes : surface et amandes dorées
  • Laisser refroidir

2 – Réaliser une nougatine en suivant cette recette

3 – Réaliser la mousse au chocolat

  • Faire fondre doucement 100g de chocolat noir
  • Mélanger le chocolat tiédi à 3 jaunes d’œufs
  • Monter en neige 3 blancs d’œufs
  • Ajouter aux blancs le mélange choc/œufs
  • Incorporer à cette préparation des brisures de meringue (réalisée comme les 3 sœurs ou achetée en boulangerie) et de nougatine (étape 2)
  • Disposer la mousse au centre du gâteau et placer au frais jusqu’au moment de servir

4 – Au moment de servir

  • Monter 150 ml de crème fleurette en chantilly (fouet + saladier + crème placés 20 minutes avant au congélateur)
  • L’étaler sur le gâteau
  • Ajouter des cerises… et servir. Ouf.

Les photos ne rendent pas compte de l’intérieur du gâteau, mais disons que la couche de meringue sur le moelleux aux amandes disparait (détrempée par la mousse au chocolat ?), et que, globalement, l’abondance de crème fait qu’il est difficile de le manger à la main en gardant une contenance digne des plus grandes soirées de l’ambassadeur.

En revanche l’alliance amandes + kirsh + crème fouettée + chocolat + cerises avec le crunchy de la nougatine et de la meringue est PAR – FAITE.

Comme un avion sans L. ou du plaisir de s’effondrer après le petit déjeuner

6 Juin

Sortir d’un bain très chaud, en étant passablement étourdie par la chaleur, s’accrocher au premier peignoir et se blottir dans un lit aux draps neufs et frais.

Lire en se sentant dardé (pas de l’intérieur) par le soleil. Grosses lunettes et chapeau ridicule. Regretter de ne pas avoir de crayon de papier pour annoter / souligner / cocher un passage qu’il serait pourtant fort agréable de se réciter le soir, juste avant de sombrer.

Lire le mail d’une amie. Se plaire à le relire encore. En rire. Répondre, par terre, sur le ventre, et avoir mal aux cervicales.

Et puis s’effondrer dans le lit, le ventre plein, chaud de thé (Kusmi – Zoubrovka sur thé vert), post petit déjeuner. Non-activité particulièrement bien placée dans le top ten des félicités dominicales.

  • Jus d’orange (des maltaises – fin de saison aussi regrettable que celle des figues fraiches ou du muguet) et de pamplemousse
  • Petites fraises + radis + yaourt et petite cuillerée de purée d’umebosis + juste une petite shlouck de coulis de cassis de la ferme du mélilot + flocons d’avoine

Gateau aux amandes pour week-end pluvieux

31 Mai

Il ne faisait pas si beau, et en dépit d’envies estivales, tirant sur le barbecuesques, un bon poulet cocotte et des petits gateaux aux amandes se sont avérés parfaits pour écouter tomber les trombes. Comme une galette sans pâte feuilletée. Dans l’idéal j’y aurais adjoint quelques belles cerises ou oreillons d’abricots au sirop .

Convient également pour une fête des voisins. Avec thermos de thé et Cake d’après la gym.

Le (presque) gateau sorti tout droit du Pétrin de Sandra Kavital (mais sans la croute)

  • 150 g de poudre d’amandes
  • 130 g de sucre
  • 1/2 cc d’extrait d’amandes amères
  • 1 cc de fève tonka
  • 3 oeufs
  • 90 g de beurre tempéré
  • 45 g de farine
  • 1/2 cc de levure chimique

– oeufs + sucre PUIS amandes + fève tonka + extrait PUIS beurre tempéré PUIS farine et levure.

– 20 minutes à 180 ° pour des moules d’environ 8 centimètres.

Où il est question de procrastination, de fan attitude et de cookies inratables-ratés

25 Mai

Pour elles ce serait Benjamin, Vincent, ou le pas moche et sémillant – mais naisillard et un peu décevant – Arnaud.

Pour lui ce serait David K. et, depuis la visite de cette exposition, John Z.

L’ultimité se caractériserait dans l’écoute non pas de France inter, non pas de France culture, mais plutôt des radios aux douces voies et/ou aux frontières périphériques.

Il y a bien eu sur les murs de notre chambre des posters d’hommes coupés au bol, tenant des propos vaguement subversifs incitant à la consommation de cigarets & alcohol. Et, si le walkman n’a jamais été très en vogue dans mon sac à dos, l’ipo et l’itu ont permis de réintroduire un peu de musique dans ce monde de jeu des mille euros et de cosmopolitan. Reste que je ne me diversifie que peu, écoutant la même play-list de 4 albums maxi, pendant environ 6 mois. Pour « Janvier 2010 » par exemple il y a :

  • Les chats persans
  • Harry’s Bar (Gordon Haskell)
  • Where the Wild Things Are (Karen O and the kids)
  • Wolfang Amadeux Pheonix (Phoenix).

C’est à propos de ces derniers que je souhaiterais vous entretenir aujourd’hui.

Ma fan attitude intensifiée par une procrastination intense et effrayante m’a conduite jusqu’à leur « diary » qui s’avere en réalité être un « photo diary ». Pratique pour l’exportation. Mais réellement bien fait. On suit les pérégrinations du groupe par des clichés que le holga d’aki ne bouderait pas. Au menu, de ce road movie, des cars, des prises de projection, des no man’s lands, et même des entrecôtes et de pittoresque échoppes de bonbons.

Selection

Cela ne remplace par Rolland Garros (attrayant, même sans Monfils), mais cela passe esthétiquement le temps. Tellement que j’en ai été malade et ai raté les cookies de Mingou.

Bien à vous (c’est ma nouvelle tocade stylistique),

7.

Cheese cake pour prendre soin d’elle – Deux ans plus tard

9 Mai

Un cheese cake

Un cheese cake vite

Un cheese cake au citron

Un cheese cake light

Il faisait gris ici. Mais asperges et citrons aidant, nous étions bien toutes les trois.

Étape n° 1 – Le crousti-moelleux au citron

  • Mixer rapidement du muesli (enlever les grains de raisons raisins eventuels, mais garder les amandes)
  • Y ajouter le jus de 2 citrons + autant de sucre + 2 oeufs
  • Tasser cette mixture au fond d’un moule à charnière
  • Cuire pendant une vingtaine de minutes à 180°
  • Laisser refroidir

Étape n° 2 – La préparation du cheese cake light sans cuisson

  • Mixer 400g de fromage à tartiner (0%) + 150 g de yaourt à la grecque (possibilité de faire la même chose avec du fromage blanc 0%) + 70 g de sucre (possibilité de remplacer par du sirop d’agave) + le zeste de 3 citrons (bio) + graines de pavot
  • Dans une petite casserole, porter à ébulition 3 g d’agar-agar dans le jus des 2 citrons – 2 minutes
  • Laisser tiédir
  • Incorporer à la préparation au fromage
  • Disposer cette préparation sur le crousti-moelleux au citron et mettre au frigo pour permettre au tout de prendre en masse.

Étape n°3 – Le topping au lemon curd, merci Clea

  • Prélever le zeste de 3 citrons
  • Dans une petite casserole mélanger le jus des 3 citrons + 70 g de sucre + 2 cs de maizena + 3 oeufs
  • Faire chauffer doucement, jusqu’à ce que la préparation épaississe.
  • Laisser ensuite tiédir
  • Étaler ce lemon curd en ultime couche du cheese-cake
  • Replacer au froid jusqu’au moment de servir.

Get Back in Your Book – Lissy Laricchia aka Lissy Elle

6 Mai

Wendy

Hermione

Alice

La belle au bois dormant

La belle de la bête

Et avec ça, une lemon bar et un thé vert fumant parfumé à la bergamote et au jasmin. Je souffle dessus et espère voir une fée (avec un plan de thèse) en sortir.

Très belle journée,

E.

3 Mai

Un savarin au limoncello, vanille de Tahiti et citron bergamote.

Sur les trottoirs, j’ai eu peur

29 Jan

Un bel immeuble avec double grille, gardien et vidéo-surveillance.

J’allais faire mes courses à ce-qui-est-devenu-plus-tard Carrefour Market. Place d’Italie.

Je prenais le métro, parfois. Le bus souvent.

Je ne m’asseyais jamais sur les bancs aux arrêts et détestais – encore aujourd’hui – tenir la barre centrale. Abaisser un strapontin à main nue confinait à la phobie.

Je choisissais toujours le même trottoir et marchais sur une grille soufflante du métro. Chaude.

Me couvrais le visage de mon écharpe pour ne pas respirer les pots d’échappement.

Me couvrais le visage pour ne pas être contaminé par les éternuements des gens.

Me faisais des sandwichs pour aller travailler. Avec un thermos et des gâteaux.

_

Ai eu une fabuleuse idée.

Ai fait mes comptes.

Il faut 10 000 euros pour remettre quelqu’un vraiment dans la vie.

Location d’appartement.

Ameublement (compter ordinateur, imprimante et connexion internet).

Nourriture et vêtements.

Electricité, eau.

_

Me suis mise à faire deux sandwichs le matin pour le monsieur de Pont-Marie.

Ne l’ai plus revu.

M’en suis voulue.

_

Ai eu honte de moi en fuyant un wagon vide.

Jambe irregardable.

Odeur pestilentielle.

_

Un jour, j’ai vu une dame dans des couvertures sales sur la grille soufflante.

Ne suis plus jamais repassée dessus.

_

Je fuyais Papy Dance.

Du regard et des jambes.

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J’habitais sur les Gobelins.

Un endroit où, pourtant, il fait bon boursicoter.

_

J’ai eu tellement peur de ceux que je n’avais pas à craindre.

Lettre à P. – Comme une réponse à un courrier qui ne m’était pas destiné.

12 Oct

Chère P.,

J’ai trouvé ce matin sur mon bureau ta lettre. Bien que ne m’étant pas destinée, je n’ai pas pu résisté à l’idée de l’ouvrir et de la lire. Bardée de culpabilité, je me suis assise n’importe comment sur l’accoudoir de ma chaise et ai déchiré un peu brutalement la belle enveloppe. M’en suis encore plus voulue. La fiction me permet néanmoins d’affirmer que P. ne le verra pas et que, comme la lettre se trouvait à la vue du plus grand nombre, tu ne m’en voudras pas trop non plus.

Une agréable odeur de tomates farcies s’en est dégagée, m’offrant ainsi une nouvelle obsession culinaire. Oui, cela fait longtemps que je n’ai pas pris la peine de vous raconter tout ça, mais au cours de ces derniers mois, de drôles de choses se sont passées. Figure toi que je suis prise d’envies inconsidérées de certains plats … que je me fais un plaisir de ne pas préparer. Pêle-mêle, il y a eu :

  • le ceviche mangue et avocat du Mexique – pourvu de goût que sur une plage -,
  • les rouleaux de printemps du C. L. –  seulement si l’on est bien accompagné -,
  • la fondue de la rentrée – que je voulais à tout prix manger devant l’ordinateur, en visioconférence avec mon oncle -,
  • les vrais hamburger – j’ai gardé un milliard de recettes sur delicious ; les ai visionnées autant de fois. Étais tenaillée entre un appétit incroyable et une sclérose redoutable. On m’a récemment appris qu’un restaurant de vrais hamburger digne des frères Coen était caché à deux minutes de la maison. J’ai délaissé les fiches recettes.
  • les lasagnes du meilleur traiteur italien. Un dénommé Super ravioli. Au début j’étais sceptique. J’en suis devenue fanatique.
  • un gratin dauphinois – il bullerait généreusement dans le four, je le ferais refroidir puis réchauffer au micro-ondes deux jours plus tard. So junk, so good.
  • le poulet – tout simple, du genre qui développerait un parfum à embaumer tout le pallier et qui ferait presser le pas de S. sortant de l’ascenseur.
  • les cannelés – encore tièdes, croquants et moelleux comme ils se doivent. À boire avec un café rose-gris brillant.

Autant te rassurer – ou à tout le moins vous retirer un doute – aucun heureux et étrange événement ne se prépare. Et pourtant, je suis saisie de fixettes. Et c’est précisément le fait que cela soit des fixettes qui me plait. Un peu comme ce manteau que tu as essayé et ré-éssayé. Sauf que dans l’histoire, il ne se retrouve pas sur mon dos.

Cet état de fait a duré un moment, jusqu’à ce que, ayant terminé la pitanalyse et n’en pouvant plus de tant de repas de Peter pan, j’ai débuté un processus d’assouvissement.

  • Poulet – c’est fait. Ai commandé à un ami dont les parents ont une ferme antigouvernementale dans la Drôme une « grise du Vercors ». Poulette délicieuse. Chaire tendre et peau craquante obtenue par gommage au gros sel et au citron. Dévorée avec des frites au four impeccables (entendre : étroites, sans graisse et croustillantes). Restes dans une chicken Ceaser salade. Carcasse utilisée pour bouillon de petites pâtes régressif.
  • Rouleaux de printemps – c’est fait. Avec ma mère, P. et S. Délicieux, comme toujours avec eux. N’aurais pas dû rajouter du poulet au bambou et champignons noirs.
  • Fondue – done. Avec S. un soir, impulsivement. Pas de skype, mais excellente tout de même. Dommage que le sol soit si sec qu’il n’y ait encore aucun champignon.
  • Lasagnes – Oui ! Je craignais d’avoir tellement attendu et fantasmé qu’elles ne soient pas aussi parfaites que je le souhaitais. Craintes évanouies. À se dissuader pour la vie d’en faire chez soi.
  • Cannelés – aussi. Ai finalement investi dans une plaque de petits moules. Il a fallu attendre 24 heures, mais c’était terrible.

Restent les vrais hamburger, le gratin et le ceviche. Achat de deux avocats et d’une mangue la semaine dernière, mais n’ai pas le gout de faire un ceviche sans le bruit de la mer. Idée abandonnée. Vrais hamburger. Ai testé un nouveau restaurant. C’était une erreur. Pour le gratin, hâte d’être à jeudi.

Tu vois, aujourd’hui, ça va plutôt mieux. J’ai vraiment entamée une phase de rémission, peut-être aurais-je le courage d’alimenter la fenêtre sur cuisine ? À voir.

Je lis avec toujours autant d’attention vos nouvelles. Votre week-end m’a enchanté. Les cartes postales estivales et son voyage au japon tout autant. Ravissement devant la boite à sardines rouge. J’ai découvert aussi le site d’Aki. Si tu as le temps et que tu n’es jamais allée chez elle, je te conseille d’y faire un petit tour. Elle est en ce moment au japon et sa chronique est merveilleuse.

Dans ta lettre, tu évoques un nombre vertigineux de films. J’ai hâte que ma soeur se saisisse à son tour de ta correspondance pour que nous en discutions ensemble. Je demeure éternellement novice et t’avoue que, comme le cinéma c’est vraiment son truc, j’ai peine à m’immiscer dans cette passion. Nous avons souvent ri des petits films russo-norvegiens d’une imaginaire Nadia de Gourgousoff devant lesquels elle tombait en pâmoison. Pour autant, cela évolue aussi de ce côté là puisque S. et moi avons décidé de prendre une carte de cinéma cette année. J’imagine bien que ce n’est pas dans les immenses salles du multiplex que je pourrais voir les Rohmer etc., mais il est au moins possible de visionner des films comme Rien de personnel ou Mary & Max.

J’ai bien noté tes conseils cinématographiques. Vais demander à S. de les emprunter à la médiathèque. Je ne peux malheureusement pas le faire moi-même, depuis que, en troisième, j’ai refusé de rendre un Que sais-je sur la guerre froide. Don’t ask.

J’ai déjà trop écrit pour que tu n’ai pas sauté de nombreuses lignes.

Je t’embrasse,

Embrasse de ma part Mingou, P., les chéchés, Gracianne, Sarah-Louise et les autres,

Au plaisir de te lire encore encore,

7.

P. S. : Je te raconterai pour les films.

P. P. S. : Ci-joint deux plaques de chocolat noir. Elles viennent de l’usine V. Celle-ci se trouve dans un bled incroyable de la Drôme ou de l’Ardêche, je ne sais plus. L’une est aux épices, l’autre aux écorces confites d’oranges. J’espère que tu les aimeras autant qu’Anne et moi.

P. P. S. : On m’a offert le même petit cahier Mme Mo. Quand je pense à toutes ces ressemblances, je me dis que l’on ne doit pas être seules à aimer les cheese-cakes, les beaux crayons de couleurs, les noeuds et Marguerite. Syndrome natation sychronisée. Je ne sais pas si j’aime ça ou si cela me terrifie.

P. P. P. S. : Je ne voulais pas te quitter sans te parler de La lamentation du prépuce de Shalom Auslander, et, du même auteur, Attention, Dieu méchant. Désopillants.

P. P. P. P. S. – et c’est le dernier promis : écoutez-vous l’émission de G. Gallienne le samedi en fin d’après-midi sur Inter ? J’ai jubilé en entendant ses lectures de Proust.

Le lait-fraise-d’avant d’aujourd’hui

8 Juil

Milk-shake à la fraise - Copyright © <Sucré salé / Riou>À la campagne, il m’arrivait de siroter un lait-fraise. Boisson inexistante depuis et qui, même à l’époque, était inexistante partout ailleurs que chez mes grands-parents.

Au fond d’un bol, ma grand-mère, car c’était elle qui avait accaparé le monopole de cette préparation, disposait une cuillère de poudre rose et arrosait de lait. Entier. Il fallait alors remuer avec un petit fouet pour dissiper les éventuels grumeaux et faire mousser. Ca j’adorais.

Je n’étais néanmoins pas particulièrement friande de lait aromatisé. J’aimais la couleur que la poudre donnait au liquide lacté, sa consistance crémeuse, la mousse donc. Et le gout quand même. Hautement chimique.

Je crois aussi que ce qui me poussait à en boire était son côté « verre-chargé-de-passé ». Passé dont attestait le paquet. Ce dernier était en carton d’une vingtaine de centimètres de haut, sur cinq de large. Éventré sur le dessus. Le bec verseur métallique ne semblait pas avoir encore été inventé. Les inscriptions sur le côté avaient partiellement disparu à force de frottements. Dans mon souvenir, il y avait aussi une cuillère en plastique aux couleurs passées ou pastels qui permettait de doser de manière idoine la quantité de poudre.

L’état de la boite, l’imprégnation du buffet de l’odeur de fraise, banane, orange – la boisson se déclinait en ces trois parfums – le fait que je n’avais jamais vu de telles poudres au supermarché ou chez des amies, lui conférait un goût désuet. Témoignage de l’enfance de mon père. Évocation de son quotidien d’alors. Breuvage précieux.

La maison a, depuis longtemps maintenant, été vendue. Les paquets de poudre, mais pas seulement, ont disparu. Ressacs dont le temps parvient à faire douter de la véracité. La mémoire se délite pour tout le monde.

Sans chercher à recréer exactement ce lait ni à retrouver des effluves évanouies, je prépare ce

Lait-fraise-d’avant d’aujourd’hui

  • 30 cl de lait d’amandes très froid
  • Une vingtaine de fraises, très sucrées (de bananes, de cerises, de figues, etc.)
  • Une rasade de sirop d’orgeat.

Mixer, servir, siroter.

Image provenant du site plurielles.fr

Perdre un peu le nord, s’immoler dans les souvenirs et cette tarte au citron et aux amandes

23 Mai

Cela sent pareil qu’avant. Et c’est propre. Sauf les verres qui ont été rincés rapidement, sans doute un peu négligemment. J’en suis dégoutée et m’en veux, mais refuse toutefois le jus d’orange qu’elle me propose. Je me dirige subrepticement vers la cuisine et jette un regard rapide dans le frigo. Du fromage de chèvre, des fraises au sucre, de la bombe chantilly (en quantité impressionnante), du jambon, des yaourts. Façon de prendre la température des occupants de l’appartement, à leur insu, sans les fliquer. J’adopte les réflexes d’usage avant le naufrage. Une apparence de normalité.

Nous sortons, il me prend le bras, s’y accroche un peu. Je sens bien qu’il est content de nous voir. Mais il ne me le dira pas. Il s’est – un peu trop – habillé pour l’occasion : costume, cravate, raie sur le coté. Il présente bien, mais a tellement maigri. A table, il s’étouffera. Nous sommes gênés. Moi pour lui et lui pour lui, peut être pour moi aussi. Le malaise terrible de se sentir partir, tout en étant encore là. Lui qui s’est tellement venté de ne pas aimer la vie semble avoir peur de la mort. J’aurais pensé qu’il voudrait cesser ce lessivage. Il nous aurait réuni pour nous faire part de ce choix, aurait confié à mon père les clés. Nous aurions été tristes et sereins. Cela aurait évidemment été plus facile. Pour ceux qui restent. Il ne choisit pas sa mort, mais je ne suis pas certaine qu’il choisisse encore sa vie.

Elle s’est faite coiffée la veille. Sur le chemin du restaurant, elle insiste pour « passer dire bonjour » à la jeune femme méchée et habillée en blanc qui s’occupe habituellement d’elle. Semblant de vie sociale. J’ai l’impression que nous marchons sur son quotidien. Plus tard, dans la voiture, je me moquerai de cet épisode. Vague malaise. Elle se fait du soucis pour lui et l’engueule. Mais alors que la conversation s’engage sur Benoît XVI, elle s’enfonce dans ses souvenirs, cohérents mais redondants. Dans lesquels jamais ses enfants n’apparaissent. L’Espagne et les Espagnols, son court passage au consulat d’Argentine (sans aborder la situation politique d’alors) et les traditionnelles déclinaisons racistes. J’ai la chance de figurer dans son album de souvenirs. Des sorties d’école au gout de mandarine. Elle a un analzaïmère, le sait, mais ne veut dépendre de drogues. Elle s’angoisse de convocations qui n’ont jamais eu lieu. S’angoisse pour le contrat de travail de la dame qu’elle nous montrera quatre fois, et rangera cinq.

Ils dérivent. « Non, mais physiquement ça va ».

Pour l’heure, j’apprends à recenser dans mon livre intérieur les doux moments. Ceux dont j’espère me souvenirs plus tard, lorsque peut être, mes petits enfants viendront me visiter et qu’alors je ne serais plus tout a fait ici ni tout a fait ailleurs. Laissant mon destin à la providence. Cette tarte au amandes et au citron m’ancre dans une réalité de soulagement. Je la partage avec ceux qui n’ont aucune idée de ce qu’elle représente. Cela l’allège d’autant.

La tarte au citron et aux amandes de P.

– Pour la pâte sucrée (vous en aurez probablement un peu trop) :

  • Farine – 250 g
  • Beurre salé – 150 g
  • Sucre – 90 g
  • Lait – une giclée

– Pour la préparation

  • Amandes réduites en poudre grossière – 100 g
  • Citron – Le jus de 3 gros (et s’ils sont bio … avec leurs zests)
  • Oeufs – 3
  • Sucre – 150 g
  • Beurre salé – 125 g

– Concrètement

  • Mélanger tous les ingrédients pour la pâte
  • Faire reposer la pâte. Il parait que 4 h s’imposent. Dans mon temps, cela fait 30 minutes
  • Pendant ce temps, mixer les amandes puis mélanger les ingrédients de la préparation
  • Foncer un moule et faire précuire le fond de tarte pendant 7 à 8 minutes à 180° (en pensant à recouvrir de papier sulfurisé alourdi pas des poids chiches secs ou autres)
  • Ajouter ensuite la préparation et poursuivre la cuisson pour 20 à 25 minutes.

D’autres vies que la mienne et des muffins au chocolat et à la noix de coco pour redonner de l’épaisseur à tout ça

3 Mai

Assise Affalée sur une chaise de jardin, les jambes étendues sur une autre. Il fait chaud pour la première fois de l’année. Nous avons englouti le barbec’ inaugural de saison, une salade assaisonnée à la perfection et un Saint honoré bien trop ambitieux. Il doit être aux alentours de 15h. Je renonce à l’écriture de l’article qui m’aurait confiné dans une chambre. D’Autres vies que la mienne m’importe et j’en reprends la lecture.

Il ne me faudra pas longtemps pour re-sentir le désarroi de la perte d’une sœur, d’une enfant, d’une précieuse collègue de travail, d’une mère. La colère sourde du renard qui sommeille dans le ventre, le chagrin inondant le diaporama. Et puis, au détour de quelques pages, de manière complètement inattendue, je verrai mon sujet de thèse intéresser des magistrats.

Incroyable tout ce que la vague des autres vies que la sienne bouleverse. L’impression de s’être confrontée à des instants attroces. D’avoir vécu l’instant où tout bascule. Le moment où, maintenant, la vie ne sera plus jamais comme avant. Et puisque la démarche de lire est volontaire, pourquoi vouloir ressentir ces chocs. Parce que ces temps là sont rendus si quotidiens. Parce que cela pourrait être demain. Parce que l’auteur y décrit la beauté des gestes mutuelles attestant l’amour des uns envers les autres. Acquérir des expériences. S’en sortir plus forte. Sensible.

Seul hic, presque inavouable, Emmanuel Carrère. Je l’imaginais grand, altier, châtains clairs et dans le soleil ces cheveux seraient devenus blond. Il ne ressemble aucunement à sa version fantasmée. Phénomène étrange, après avoir vu sa photo, il m’était impossible de calquer le livre sur son visage. Impossible de l’imaginer lui, dans son rôle. Je m’en suis voulue comme d’être allée voir au cinéma un roman apprécié. Comme si son histoire devenait factice. Comme une réplique gâchée par un mauvais acteur. C’était injuste. À bien y réfléchir, cet incident m’a rendu le roman. Les faits sont véridiques, mais ce n’est pas un real book. C’est un roman parce que les événements sont relatés. Mis en scène. Une subjectivité s’immisce nécessairement. C’est ce qui en fait un roman. Un excellent roman. C’est aussi ce qui pose une distance salvatrice entre la (ma) vie et celle du livre. Celle qui permet de se dire que, aujourd’hui, tout va bien.

À 18h30, j’avais des points rouges au bords des lèvres. Je remerciais le soleil d’estomper les larmes sur la robe et de m’autoriser à porter mes lunettes de soleil. Vivre cette expérience dans un lieu dénué d’intimité et devoir s’expliquer de tout ça n’était pas idéal. J’ai fermé les yeux, profité de la chaleur du moment et pris une grande inspiration. Je crois être passée inaperçue.

C’était un excellent premier mai.

En dépit de tout ce que j’avais ingéré, je me sentais complètement liquéfiée. Pour reprendre un peu de texture, les muffins au chocolat et noix de coco de Bob me semblait appropriées. Ai procédé à quelques modifications (aucun gout pour le chocolat en poudre). Résultat des plus convaincants.

Les muffins Choc/Noix de coco pour redonner de l’épaisseur

Pour 6 muffins dans des moules de 6 à 7 ctm de diamètre :

– Les ingrédients secs :

  • 50 g de farine complète
  • 100 g de sucre
  • 1 cc de levure chimique
  • 30 g de noix de coco râpée

– Les ingrédients liquides :

  • 40 ml de lait de coco
  • 50 g de chocolat noir à faire fondre dedans (on peu encore monter la dose à 85. À 50 c’était presque limite)
  • 60 ml d’huile de tournesol (un vrai plus comparé au beurre, le muffin gagne en moelleux).
  • 2 œufs, blanc et jaunes séparés

– La recette

  • Four à 200°
  • Mélanger d’abord tous les ingrédients secs
  • Huile + jaunes d’œufs
  • Lait de coco + chocolat à faire fondre
  • Intégrer le liquide avec le sec
  • Monter les blancs en neige et les incorporer à la préparation
  • Mettre dans les moules et saupoudrer d’un peu de noix de coco
  • Cuire 20 minutes.

Au final, les muffins sont très moelleux, pas secs du tout, un vrai gout de noix de coco (la conjonction lait + noix râpée est à cet égard est vrai succès). Ils se conservent parfaitement. Idéal avec un genmaicha et un bencha hojicha.

Le remplaçant de cet après-midi était savoureux, le gingembre fumant l’était tout autant

26 Avr

« C’était il y a cinq ans. Un ami m’avait envoyé des Etats-Unis le magnifique ouvrage de Claudia Roden, The book of Jewish Food, sur la cuisine juive dans le monde. Je m’étais assise à ma table et je le lisais, comme on lit des poèmes ou des contes, tournant les pages avidement, incrédule face aux richesse que me dévoilait chaque chapitre organisé autour d’une région. J’arrivais enfin à ce qu’elle nomme « Anglo-Jewery » et qui désigne en fait la cuisine russo-polonaise. Je passai rapidement la section des soupes et des nouilles pour me plonger dans la pâtisserie. Je lus le gâteau au fromage blanc, l’apfel strudel, et soudain, mes yeux s’emplirent de larmes car je me rendis compte que j’étais en train de déchiffrer la recette des biscuits de ma grand-mère Tsila, disparue une dizaine d’années plus tôt.

Les pletz (c’est ainsi qu’elle les nommait) étaient de petits sablés au graines de pavots, dont la production hebdomadaire assurait la consommation quotidienne. Elle les conservait dans une boite en fer-blanc carrés que j’adorais ouvrir, que j’adorais qu’elle ouvre. Les pletz étaient une nourriture parfaite : croquants, pas trop sucrés, parfois grillés sur les bords. Ils étaient irréguliers et souvent assez moches, parce que ma grand-mère n’avait rien d’une maniaque ; mais leur disgrâce ne faisait qu’ajouter à leur magie.

Je pleurais en lisant la recette à cause du souvenir du pletz émmieté dans le thé de Mami, à cause des choses perdues et jamais retrouvées, à cause de l’enfance si lointaine.

Une semaine plus tard, je décidais d’en fabriquer une fournée. J’achetais les ingrédients nécessaires et entrains dans ma cuisine, armée du livre rédempteur. je le feuilletai rapidement, impatiente de retrouver la page que j’avais dû corner. Mais non, je tombais systématiquement sur le lekeh, ou les oumentashen. »

Agnès Desarthe, Le remplaçant, Édition de l’Olivier, 2009.

Tout raisonne. Le rythme. La sonorité des mots. Les dibboucks. L’analyse des objets précieux, entreposés dans les placards des grands parents. Les histoires que l’on s’invente. Tout.

87 pages de plaisir, de sourires, de serrement de gorge. 87 pages d’hommage au remplaçant de son grand-père. 87 pages de réflexions enfantines. 87 pages à lire. Évidemment. Résolument.

*

* *

S’il fait soif et que votre gosier réclame du chaud, un breuvage simplement délicieux, une infusion de gingembre frais.

  • De l’eau frémissante
  • Du gingembre frais coupé en dés
  • Éventuellement un peu de sucre

Placer les dés de gingembre dans un petit sachet ou une boule à thé et verser de l’eau chaude dessus, dans un thermos. Laisser infuser le temps que vous jugerez nécessaire selon votre gout, et agrémenter au besoin d’un peu de sucre.

Presque pas une recette, mais une boisson découverte et non oubliée depuis, dans un lieu où l’on parle avec un accent et où l’on déguste, simplement, des smoothies, muffins, sandwiches et salades. Au Bob Juice Bar.

Un restaurant comme ça.

15 Mar

photocanard-laque

Nous demandions toujours la même table. On y allait tous les six. Mon père, K., ses enfants, ma soeur et moi. Nous commandions des entrées à partager, elle commandait nécessairement et invariablement un canard à l’ananas et, en dessert, nous options très souvent pour un assortiment de nougatines (dures et molles). Parfois du gingembre confit. Ses repas n’étaient réjouissants que par leur saveur. La conversation, elle, en manquait cruellement. Ils se sont espacés. Puis il n’y en a plus eu du tout.

C’était la première fois que nous avions rencontré P. Habituées que nous étions, nous lui avions conseillé les noix de saint jacques, sauce piquante. Servies sur plaque chauffante. S’imaginant cuit sur le grill, il s’était senti obligé de répondre de manière blessante. Il n’a pas fait long feu.

Il y était allé fréquemment avant que l’on se rencontre. Avec ses parents. De sorte que c’était un peu étrange d’avoir chacun un passé dans ce lieu qui nous était maintenant commun. La première fois qu’ils m’avaient invité au restaurant, c’était encore ici. Et curieusement, nous avions dîné à la table favorite de mon père. Je m’étais assise, de manière presque automatique, comme dans ma cuisine, sur ma chaise, à ma place. Grand luxe, ce soir là, nous avions consommé le Canard laqué. Spécialité des lieux. Dégustation protocolaire. Peau croquante puis chaire moelleuse, petites crêpes farceuses et soupe parfumées. Institutionnalisation.

Depuis, nous y retournons tous les deux. Assez souvent. Tellement que notre nom évoque une table pour deux à l’étage avec des petites chips crépitantes et un verre aux accents de litchis. Nems brûlants pour lui, rouleau de printemps aux crevettes pour moi. Allergique aux carottes et cacahouètes, mes lèvres se mettent à gonfler et à chatouiller. En mordillant, cela passe. J’aime ça. Nous y partageons un canard à la mangue, un poulet aux amendes ou aux champignons noirs et pousses de bambou. En dessert, je me repais de boules de neige. De la pâte de riz contenant de la purée de cacahouètes. C’est indécent. Tout comme les serviettes fumantes de la fin de repas.

Cela s’appelle le Canard Laqué. Et sur le rose des nappes, défilent quelques images du septième.

photo

Des livres, de l’étude du livre, de la logique … Et un ingrédient fou

9 Mar

DSC_2834_1 par vous

Écrire encore encore encore.
Se sentir produire.
Vivre, en fait.
Finir d’écrire. Pour un moment.
Souffler.
Respirer.
Puis ne plus le pouvoir. Sinusite, mouchoirs, huiles essentielles.
La grande armada au chevet.
Au programme : des livres, un DVD et un ingrédient qui rendrait fou l’amant de BarBara.

** Des livres **

La radio s’ouvre tous les matins, à 6h45. Heureux moments que ceux du demi-someil. Encore un peu. Se rendormir en renouvelant les douces pensées adressées à notre oreiller quelques heures auparavant.
Un de ces matins, la voix de Philippe Djian m’avait fait rire. Je ne me souvenais que de cela lorsque, finalement, je m’étais levée.
Plus tard,  j’entrais dans la librairie et demandais à l’homme aux milles et unes chemises mais à l’unique paire de lunettes de me conseiller pour « mon premier Djian ». Serrement au cœur, une mou traverse son visage. Une mou à la mouai, une mou à la bof, une mou à la « et-celui-ci-il-est-vraiment-bien-vous-devriez-le-lire ». L’auteur qui avait fait rire mon peu de conscience n’emballait pas mon libraire, auquel pourtant je livrais ma table de chevet en pleine conscience.

Il me recommandait finalement Sotos après un : « Celui-là est pas mal » et cette précaution d’usage : « oui, Djian, c’est assez visuel comme écriture. Cela fait très série ».

Folle corrida par vous

Lecture rapide. Bon signe. Et je n’étais pas encore malade.
L’histoire importe peu. Dans ce livre, on court, on boit, on a chaud, on se baigne, on saigne, on brûle, on pique. Beaucoup d’émotions. Parfois un peu d’ennui. Les instants fous n’en sont que renforcés.
Étonnamment, impossible de dire où se déroule la scène. Déroutant mais intriguant.
Bien monté, un livre sur le mode : aujourd’hui, hier et maintenant que devenons-nous.
Un style directe. Franc. Cru. Le lecteur n’est pas épargné. On en redemande. Certainement que la réaction serait différente si le livre était adapté à l’écran.

Je quittais Sotos avec regret. Espérant retrouver Djian très vite.

¨¨

Librairie de Villard de Lans. Petite rivalité entre libraires – peut-être. Son honorable propriétaire laisse échapper une gaugne à l’allusion de Sotos, assortie d’un « celui-là, il n’est pas très bon … Le dernier n’est pas mal ». Il y aurait des bons et des mauvais Djian. À la fois, je n’ai pas aimé tous les Chabrol – pas tous vus d’ailleurs -, ni tous les Dubois – pas tous lus d’ailleurs. J’acquiers le dernier opus dudit Djian, Impardonnables.

Erreur. C’est long. C’est lent. C’est vieux. Plus rien de la sensibilité à vif. On se meut difficilement entre rancune et suspicion, entre grand névrosé suicidaire et mère, dégoutée des hommes, atteinte d’un cancer. Il y a toujours de la drogue, mais elle est pathétique. Il manque le mojo, la précieuse énergie qui avait fait que dans Sotos les personnages borderline n’étaient pas caricaturaux. Déception.
La seule chose qu’il m’en reste est l’évocation d’une rupture totale des liens filiaux. Rupture que jusqu’alors je ne pouvais conceptualiser et encore moins ressentir. Cette fragrance s’imprègne dans mes narines. C’est peut être déjà beaucoup.

J’abandonne quelques temps le roman au profit de l’essai de Pierre Bayard, Le plagiat par anticipation. Cela peut toujours servir.

** Un DVD **

Arte a édité toute une série de documentaires, plutôt bien faits. L’un d’entre eux, ayant trait au Talmud, s’était retrouvé – par l’attention précieuse de ma mère – dans mes cadeaux de Noël. J’avais eu envie de le garder pour le moment opportun. Ce samedi, S. parti skier, je me retrouvais seule, à 9h00, le nez bouché. Parfait pour visionner ce DVD.

Introduction par vous

Tous les vendredis, s’adonner à l’art du commentaire. Commentaire de loi, d’arrêt, de texte. Comprendre, analyser, réfléchir, mettre en parallèle. S’inscrire dans d’autres écrits, dans une réalité séculaire. En être. Par l’étude.

Tous les vendredis soirs. D’autres rituels. Mais il est toujours question de loi. De droit. D’encadrement. Et là aussi, aucune passivité. Interroger le livre, l’analyser, le commenter. En être. Par l’étude.

Le Talmud rassemble la loi écrite et les discussions rabbiniques, les querelles d’écoles, les analyses. De la doctrine. Cela raisonne.

Ce DVD n’explique pas le Talmud. C’est dommage. Ne pas s’attendre à des développements sur le raisonnement talmudique. En revanche, on le voit vivre. Sa naissance, ses destructions, ses résurrections. Quelques propos liminaires et c’est bien tout. Rien à voir avec L’invitation au Talmud de Marc-Alain Ouaknin. Mais les ambitions d’un DVD et d’un livre ne sont probablement pas les mêmes.

** Un ingrédient qui rendrait fou l’amant de BarBara**

Je me suis accrochée au syllogisme comme à un radeau. Agrippées. Pour garder la tête hors des eaux troubles de ma subjectivité. Pour garantir un raisonnement juste.

Lâcher du leste. C’est ce à quoi ma directrice m’incitait. Car les syllogismes nous nous trompent. Tout ce qui est rare est cher. Un cheval bon marché est rare. Alors un cheval bon marché serait cher ? Face à mon radeau qui prenait l’eau, je me suis jetée sur Le raisonnement juridique de M.-L. Mathieu-Izorche.

J’y croisais Aristote et le syllogisme en forme de BarBara. Et un visage connu, mais dans bien d’autres circonstances. Lewis Caroll. Vous ici. Alice au pays des merveilles, traité de logique et du syllogisme. Incroyable. L’ouvrage est truffé de raisonnement fou tel celui-ci : la tête du chat apparait. Le roi ordonne que l’on lui coupe la tête. Le garde indique néanmoins qu’il est bien impossible de couper une tête sans corps. Alors : on peut décapiter tout ce qui a une tête, le chat a une tête, on peut décapiter sa tête ; ou on peut décapiter tout ce qui a une tête et un corps, or, ce chat n’a pas de corps, on ne peut donc pas lui couper la tête. Passionnant.

Cela raisonne.

Pour fêter cela, je me devais d’essayer un ingrédient fou, un ingrédient qui hurlerait EAT ME, un ingrédient qui me ferait grandir du syllogisme : Le PANDAN.

Plus d’œufs. Pas la brioche, pas le cookie. Alors du riz au lait vert.

EAT ME par vous

C’était, semble-t-il, indescriptible. De ce que mon nez bouché m’a laissé percevoir (après avoir sniffé des huiles essentielles), j’ai senti des odeurs d’herbes coupées (peut-être lié aux huiles) et de beurre fondu. À vrai dire, je n’arrive toujours pas à prononcer les « n ». Je reste dans l’expectative. Espère vite retrouver mes sens – sans sniffage intempestif.

MERCI MERCI MERCI encore à ma précieuse donatrice.


L’empreinte que l’humeur laisse sur les livres. Et la tarte aux agrumes.

31 Jan

C’était un peu avant Noël. Je m’en étais remise au libraire de Villard-de-lans, un homme charmant, caustique à souhait qui, chose assez rare me semble-t-il, témoigne toujours d’une douceur presque paternelle. J’adore me promener, ou plutôt tourner dans l’échoppe. Une grande table centrale sur laquelle sont amoncelées des piles de romans, d’essais et même quelques recueils de poésie, qui sur la tranche, qui sur la quatrième de couverture. Autour, des étagères. L’espace est plus qu’optimisé – voilà qui plaît au Suédois -, mais quand même saturé – voilà qui me plaît. 

Je m’en étais donc remise à lui, ne sachant trop que choisir pour accompagner les dernières heures de la journée. Pas triste. Pas de la Shoah. Pas policier. Pas peur. Pas romance. Pas tea time. Pas bien pensance. Pas Camille Laurens. J’étais donc un peu difficile. Mais rien de pire que de gâcher un livre que l’on n’est pas disposé à lire à un moment donné.

Il me mit dans les mains un bouquin de José Luis Sampedoro, Le sourire étrusque. « Tu verras, celui-là, il est magnifique ». Bien, bien. Je lis la quatrième, un peu sceptique. Il semble encore habité par le livre et en parle avec entrain. Insoupçonnable de vente forcée. Il a aimé le livre. Soit. 

 

DSC_1944.jpg par vous

Une musique entendue à un moment de profonde tristesse reste irrémédiablement triste. Elle garde l’empreinte de ce moment. Pour les livres, le phénomène est identique. Il s’imbibe de l’humeur avec laquelle je le saisis. Je n’avais envie de rien, en même temps ma table de nuit était seule et moi avec. Et puis j’aime acheter des livres dans cette librairie. C’est donc avec ce bagage que j’ai commencé, plusieurs semaines plus tard, la lecture du sourire.

Il m’a suivi trois nuits. Ne le lâchant qu’à regret lorsque vraiment la nuit était avancée et que les grognements – réels – de S. se faisaient tels qu’il allait incessamment sous peu se réveiller, lumière oblige. Le lendemain au petit déjeuner il me demandait de ses nouvelles.

– C’est pas mal…

– Quoi, juste pas mal, attends tu t’es couchée super tard.

– Ben, c’est prenant… Mais cela n’a rien de sensationnel. C’est presque cul-cul.

Remarque de ma soeur à l’évocation de la cul-culïstique sourriresque : 

– Cul-cul genre feuilleton de l’été ? 

– Non, ça c’était vraiment Une odeur de gingembre … Non, non, cela ne vaut pas Terre indigo. Nan mais c’est bien quand même, hein. Mais bon ce n’est pas le livre qui marque une vie.

Parce que j’étais tellement difficile en entamant ce livre, qu’il aurait vraiment fallu qu’il soit merveilleux pour me plaire. 

 » À l’occasion d’un examen médical, Salvatore quitte Roccasera et sa Calabre natale pour Milan, où réside son fils. Il fait la connaissance de son petit-fils Bruno, avec une émotion d’autant plus grande que l’enfant porte le prénom qu’il s’était lui-même choisi lorsqu’il combattait avec les partisans. Entre son impossible accoutumance aux us et coutumes de la vie milanaise et sa mémoire qui ne cesse de retourner à la guerre, Salvatore organise sa nouvelle existence. Pour le peu de jours qu’il lui reste à vivre, le vieux paysan n’entend pas se laisser dompter par la modernité citadine… Bouleversant de justesse et de talent, empreint d’une grande humanité, Le Sourire étrusque visite les réalités d’une Italie à plusieurs vitesses. Une histoire d’amour, de résistance et de mort qui se joue du temps ».

Alors, le vieux est très vieux. Et son fils est très mou. Et le vieux paysan est viril. Et son fils est délicat. Et sa femme est dure. Et l’amoureuse du vieux est compréhensive. Et le bébé est en symbiose avec le vieux. Et le vieux se croit encore être un partisan, sauf que là, il lutte contre la grande ville. Et il va mourir. 

Le talent de l’auteur est de faire passer cette histoire d’homme face à sa vie et d’homme face à sa mort… Plutôt bien. Les phrases sont courtes. Pas d’envolée lyrique. Trois jours, c’est court. En même temps c’est suffisant. 

Je crains que l’humeur au jour de l’acquisition n’ait que trop embaumé les pages du sourire.

*

*    *

Pour être complètement honnête, dans les pages du sourire il y avait quand même du soleil de place de village. Celui dont les vieux, assis sur une chaise inoxydable, la cane entre les jambes, se repaissent. Il sent le chaud de l’été. Et c’était rudement bon de le sentir dans cette tarte aux agrumes. (What a transition folks).

 

DSC_1951.jpg par vous

 

The ultimate tarte aux agrumes  – Clea Style

  • Pour la pâte à tarte 
    • 100 g de farine
    • 30 g de poudre d’amande
    • 40 g de beurre (salé)
    • 1 bonne cuillère à café de purée d’amande
    • 1 jaune d’oeuf
    • 25 g de sucre blond de canne
    • Un peu d’eau

Tout mélanger, étaler et cuire à 180° pour une vingtaine de minutes.

  • Pour les agrumes
    • 100 ml de jus d’orange (avec les zestes)
    • 100 ml de jus de pamplemousse 
    • 100 ml de jus de citron
    • un peu d’eau
    • 2 oeufs + 1 blanc (qu’il reste de la pâte)
    • 1 bonne cuillère à soupe de farine (je n’avais pas de maïzena)
    • 120 g de sucre 

Dans une petite casserole mettre le sucre, la farine un peu d’eau et les zestes. Mélanger et faire fondre sur feu doux.

Pendant ce temps, mixez les oeufs avec les jus. Ajouter au mélange sucre/ farine et sur feu vif bien remuer. 

La préparation va sous vos yeux ébahis s’épaissir en quelques minutes. Quand la bonne consistance est atteinte, verser sur le fond de tarte. Laisser un peu refroidir. Vous verrez, elle est incroyable.

Acide.

Quand cela devient sec – Les biscakes à l’orange

26 Jan

On a toqué à la porte du septième. Une petite voix a demandé à travers le bois : « Il y a quelqu’un » ? 

J’ai eu envie de répondre ceci :

Alors quoi, le pallier ne sent plus les petits financiers, la soupe à l’oignon et aux épices et les tajines aux citrons confits ? 

Alors quoi, la table du balcon n’est-elle pas toujours recouverte de tarte-à-refroidir, de panier du marché et de plaques du four abandonnées. 

Alors quoi, on ne visite plus ses voisins ? On ne leur offre plus des petits gâteaux de Noël ?

Et tout ça, sans prévenir. Même pas un petit mot sur la porte. Même pas donné les clés au gardien.

Alors quoi ? Bien sûr qu’on habite toujours ici !

Mais j’ai finalement ouvert la porte et dit : 

Oui oui ! C’est juste que l’on était un peu sec. 

Un peu sec en mots – deux thèses, dix doigts, vingt-quatre heures.

Un peu sec en maux – deux thèses, deux psys, vingt-quatre carnets.

Presque sec en vrai – presque – Noël ne nous a pas échappé.

Seulement, le contrat de bail du septième contient trois clauses essentielles : le poids des mots, le choc des photos, l’attrait d’une lecture ou d’une recette. 

Pour sortir de cette séquitude, les voisines de palier viendraient boire un thé presque brûlant et on goûterait des tranches de cake à l’orange séchées/grillées. Comme on ne se serait pas vu depuis un moment, je vous parlerais du dernier livre – presque cul-cul – qui m’a traversé les mains. Et – oh miracle – avant que vous ne repartiez, je vous donnerais les petites choses qui auraient dû rejoindre vos foyers réciproques avant les fêtes, mais qui … sont toujours sur le guéridon de la cuisine. À attendre désespérément un colis.

 

*

*    *

 

Biscakes de radoumi


DSC_1923.jpg par vous

 

La sécheresse s’est abattue sur les mots du septième. Fort heureusement pour ses habitants, nos yeux et nos papilles ont été épargnés. L’assèchement n’a pas atteint beaucoup d’appartements, de sorte que la source du bloglines ne s’est pas tarie. Avec chaque jour son petit filet de recettes, de bons articles et de jolies photos. Impossible de recenser tous les plats directement tirés à la source… Mais un des derniers était celui-ci … Et comme il souffre très bien le dessèchement des derniers mois, il se retrouverait dans la dînette.

La lecture des obsessions, collantesques et anti-américaines notamment, me faisant toujours autant sourire, c’est avec un réel plaisir que je découvrais ce nouveau post de la plus avouée des radines. Sa gourmandise s’était, ce jour-là, portée sur des sandwichs maternels et un cake à la marmelade d’orange de Nigel Slater. L’évocation des premiers m’avait émue, celle du second mise en appétit. D’autant qu’il y a quelque temps, prises d’un IvegotBritaininmymind’s syndrome, j’avais cédé à la tentation de réaliser une quinzaine de pots de marmelade. 

Suivant quasiment à la lettre les prescriptions

  • 80 g de beurre salé bien mou
  • 2 cuillères à café bombées de purée d’amendes complète
  • 3 oeufs légèrement battus
  • 100 g de sucre roux
  • 1 orange non traitée (zest + jus)
  • 190g de farine (semi-complète)
  • 1 sachet de levure
  • 3 cuillères à soupe bombées de marmelade d’orange

Les ingrédients  furent mélangés, transvasés dans un moule idoine puis cuits environ 45 minutes à 180°.

Le résultat était tout à fait à la hauteur des espérances placées en Nigel. Le côté « complet » en plus – dû à la farine et à la purée d’amende complètes. Servi après une soupe de pâtes aux herbes, c’était presque trop. Au petit déjeuner du lendemain, il était parfait. Son destin aurait pu être avalé de la sorte … Mais il fut victime de notre tendance au « c’est trop bon, il faut qu’on en garde », tendance ayant déjà atteint – à notre plus grande honte – des macarons L.

Torchonné, il est resté sur le plan de travail. Une bonne semaine. Devenu sec. 

Parce qu’un cake de Radoumi ne se jette pas, il était inconcevable de le laisser allez à sa perte de la sorte. Découpé en tranches d’un bon centimètre, poêlées sur feu moyen, les derniers reliquats du cake se sont définitivement asséchés, au point de devenir croquants et chauds. Un peu de beurre salé sur cette biscotte de luxe. La finesse de l’orange. Un pur délice. 

À en devenir loquace.

De l’usage de la litterrature dans la vie de tous les jours

30 Nov

Il était un peu plus de minuit ce mercredi soir, ou jeudi matin. Le film avait commencé en retard, et avait trainé en longueur, au gré des présentations pré-projection et autres débats post-film. Parce que c’est toujours comme ça dans un festival de cinéma, cette première édition du festival Justice à l’écran de Grenoble ne dérogeait pas à la sacro-sainte règle.

Il était donc un peu plus de minuit lorsque leur absence me sauta – pour ainsi dire – aux yeux.

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Rose’s pumpkin pie

25 Nov

Dimanche matin devant la pâtisserie. L’avent appartenait pour quelques jours encore à l’avenir, mais le froid, lui, s’était déjà bien installé. Encore quelques minutes avant de pouvoir pénétrer dans la chaleur des « Goulets ». Rose* s’en voulait d’être venue à cette heure-là. Elle se remémora sa conversation de la veille avec sa fille. Il fallait qu’elle cesse de toujours se faire des reproches. Le rôti n’était jamais assez bien cuit et le gratin pas assez salé. Les vacances avec les petits enfants gâchées, faute pour elle de pouvoir courir sur les dunes. C’était de sa faute si son mari était parti.

Rose s’en voulait régulièrement. Longtemps elle crut que cette auto-culpabilisation la poussait à mieux faire. Elle n’osait s’avouer perfectionniste, mais lorsqu’on le lui disait, elle rayonnait intérieurement. Ses enfants s’étaient lassés de ses jérémiades. Biberonnés à la lamentation, ils en étaient écoeurés. Les fils s’étaient éloignés. Physiquement d’abord. Et puis ils appelaient un peu moins. Sa fille l’appelait souvent.

Prune ne se résignait pas à voir sa mère perpétuellement dans le dénigrement. Elle avait l’impression que ce jugement négatif d’elle-même coulait sur leurs liens filiaux et les dissolvait. Un jour, elle se décida à le lui dire. Franchement. Crûment. Ce soir-là, Rose entendit la sonnerie du téléphone. L’écran phosphorescent du téléphone indiquait « Prune Maison ». D’un souffle elle répondit « Allo ».

– C’est moi, ça va ? 

– Ça va, ça va. J’ai encore mal à mon genou. Tu sais avec l’opération … J’ai dû trop marcher. Je voulais aller faire mes courses plutôt que de laisser faire Announciate. Tu comprends ? 

– Mais laisse-la faire. C’est son travail. Et puis ça évitera que tu te plaignes tout le temps. 

Piquée au vif, elle répondit un peu sèchement « bien sûr, tu ne peux pas comprendre… Tu verras quand tu auras mon age ».

Cette simple remarque n’aurait pas dû la mettre dans un tel état. Mais elle se rajoutait à tellement d’autres. Prune n’était pas dans la compréhension. Elle était dans le fait : sa mère se plaignait sans cesse. Elle était dans l’énervement : elle avait subi ça pendant trente ans. Trente ans à réconforter sa mère, trente ans de gratin parfait et de rôti cuit à la perfection. Trente ans de silence. Elle prenait beaucoup sur elle-même. Elle le lui dit. Et oui, si leur père l’avait quittée, cela n’était peut-être pas pour rien. Qu’elle y réfléchisse. Elle raccrocha. Elle savait qu’elle lui avait fait du mal. 

De l’autre côté du fil. Rose se leva de son fauteuil et alla ouvrir en grand la fenêtre. Il faisait froid. Elle respira jusqu’à s’en brûler les poumons. Regarda la rue en bas. Le téléphone sonnait à nouveau. Elle ne voulait plus l’entendre.

Dans un peu plus d’un mois, cela serait l’anniversaire de Capucin. Il aurait sept ans. Comme chaque année, il viendrait chez sa Mami avec ses parents et ses frères et soeurs. Elle y pensa. 

C’était ce dimanche. Le rôti dominical était dans le four. Le gratin de courge à réchauffer. Le gâteau qu’elle avait commandé fût placé dans une belle boite verte. Ils arriveraient dans un peu moins d’une heure.

 

 

* Rose est née dans une boîte à sardines et elle aime beaucoup les muffins chocolat-azuki.

*

*   *

Violette, l’ainée, partait bientôt aux États-Unis. Elle lui avait confectionné une pumpkin pie de Thanksgiving**.

Debout dans la cuisine par vous

 

– Ingrédients : 

* Pour la pâte

  • 250 g de farine 
  • 3 cs de sucre
  • 125 g de beurre salé froid
  • De l’eau très froide
  • * Pour l’appareil

  • 20 cl de crème fraiche épaisse
  • 20 cl de lait
  • 3 oeufs
  • 1 potimarron (une fois cuit : 350 g de chair)
  • 100 g de sucre
  • 1 cs de cannelle
  • 1 cs de gingembre en poudre
  • 1 cs de gingembre en morceaux
  • 1 cc de noix de muscade 
  • 1 cc de fève tonka
  • * Pour la chantilly au sirop d’érable

  • 20 cl de crème fleurette
  • 5 cs de sirop d’érable
  •  

    – Recette

    * Pour la pâte : mélanger ensemble les ingrédients secs et ajouter très progressivement un filet d’eau jusqu’à la formation d’une pâte moelleuse. Placer-la au frigo pour une trentaine de minutes.

    * Pour l’appareil : 

    Allumer le four à 175 °. Y placer le potimarron évidé de ses graines et coupé en deux. Vérifier la cuisson en plantant un couteau dans la chaire. Compter environ 30 à 40 minutes.

    Mixer tous les ingrédients ensemble et ajouter la chaire de potimarron (tiède).

    Étaler la pâte, la précuire une dizaine de minutes.

    Verser l’appareil, faire cuire une trentaine de minutes, puis laisser dans le four jusqu’à ce qu’elle soit tiède. 

    * Pour la chantilly

    Mettre dans le siphon le sirop et la crème. Placer au frigo au moins une demi-heure à l’avance.

    ** Recette issue de Smitten Kitchen et de Tetellita.